Radio City Fantasy : Machikado no Märchen [街角のメルヘン]




Commercialisé en juillet 1984, Radio City Fantasy est considéré comme l'un des tous premiers OAVs (animés en direct-to-video) de l'histoire de l'animation japonaise (le troisième, pour être exact, derrière les deux premiers épisodes de Dallos, réalisés par un Mamoru Oshii en début de carrière).

Conte initiatique doux-amer fortement teinté de surréalisme, ce moyen-métrage de 54 minutes a été réalisé par Mizuho Nishibuko, qui a notamment dirigé l'animation du deuxième film de Patlabor et du premier Ghost in the Shell. Au scénario, on trouve Takeshi Shudô, créateur de Minky Momo (Gigi), qui écrira plus tard (entre beaucoup d'autres) le premier film de Pokemon :  il raconte ici la rencontre fortuite, dans les rues de Tokyo, entre un jeune écrivain lunaire et une mystérieuse jeune femme poursuivie par la police, qui deviendra peu ou prou sa muse, tandis qu'ils entreprennent un voyage mouvementé au cœur de leurs fantasmagories respectives.

Doté d'une trame scénaristique réduite à sa plus simple expression et servant de prétexte à une succession de clips oniriques au son des chansons (omniprésentes) du groupe pop Virgin VS (ヴァージンVS), le moyen métrage enchaîne les morceaux de bravoures et les inventions visuelles - lesquelles lui donnent de faux airs de Tenshi no Tamago avant l'heure, version pop frénétique et post soixante-huitarde. La recherche constante de cadrages sophistiqués et d'excentricités esthétiques forcent le respect mais rendent l'animé d'autant plus difficile d'accès. Entre ses lignes, on se demandera néanmoins s'il n'a pas influencé, directement ou indirectement, les futurs travaux de Mamoru Oshii ou Makoto Shinkai (ainsi que le double OAV Tokyo Marble Chocolate)...

Outre des décors de Shichiro Kobayashi (qui officiera également sur deux autres chefs d’œuvres Urusei Yastura Beautiful Dreamer et Tenshi no Tamago), on retrouve au chara-design (sans surprise, sans quoi nous n'en parlerions pas sur cette page) l'encore-tout-jeune Yoshitaka Amano, lequel signe ce qui constitue vraisemblablement l'un des pivots de sa carrière.
oniriques.

Ayant quitté la Tatsunoko quelques années plus tôt, il abandonne partiellement le style réaliste à l'américaine qu'il affectionnait jusqu'ici au profit de traits plus japonisants, plus conformes à l'idée que nous nous faisons traditionnellement de ses œuvres, en proposant une héroïne diaphane, presque éthérée, au visage de poupée nippone et aux yeux en amande si caractéristiques, achevant par-là même une mutation stylistique commencée avec Mospaeda (Robotech troisième génération).





Radio City Fantasy représente également sa première incursion animée dans ce registre psychédélique qui lui est cher - et sans doute n'est-ce pas une coïncidence si un an plus tard, à peine, il a l'opportunité de coécrire le Tenshi no Tamago sus-mentionné, avec un certain Mamoru Oshii (sus-mentionné aussi)...

Hélas, si la sortie d'un DVD fut envisagée en 2005, l'absence de succès populaire vaudra à cet animé hors norme de tomber dans l'oubli, au point qu'il n'existe aujourd'hui qu'en version VHS et Laserdisc...





Bonus : le packaging du Laserdisc :


Commentaires