Disponible en avant première dès le 30 octobre au
Lucca Comics & Games (quinze jours avant le vernissage de
l'exposition Corpus Animae et son ouverture au public), ce
précieux catalogue s'impose dès le premier abord comme un ouvrage
incontournable pour tout amateur de longue date, doublée d'une très
belle pièce de collection, que ce soit en version softcover,
hardcover, ou limitée dans son fourreau de luxe (exclusivité
kickstarter, signée par l'artiste).
Car si l'on aurait pu craindre un ouvrage minimaliste et paresseux, au contenu déjà vu et revu maintes fois au fil des précédents artbooks, force est de constater que le travail accompli par les porteurs du projet est d'une qualité optimale.
Tous les efforts ont été faits pour rendre l'ouvrage le plus complet et le plus gratifiant possible : le papier est de qualité, la reproduction irréprochable, la composition des pages met joliment les images - de dimensions plus qu'honorables - en valeur, la sélection est exemplaire, mêlant avec éclectisme créations anciennes (dont certaines particulièrement confidentielles) et modernes (jamais publiées en recueil à ce jour, dont le fameux triptyque Tosca - Madama Butterfly - Turandot dédié à Puccini et célébrant la session 2024 du Lucca Comics & Games. En pleine page, il fallait bien ça).
Sans surprise, la licence Final Fantasy s'y taille la part du lion : quand bien même n'a-t-elle pas pour le peintre l'importance dont ses fans l'ont investie (rappelons qu'il n'a jamais joué à un seul épisode, et s'est progressivement désengagé de la saga depuis l'épisode VII), c'est elle qui reste la plus à même d'attirer les foules, spécialistes comme néophytes.
Loin de se reposer sur sa seule iconographie, l'ouvrage fait également la part belle à de nombreux textes explicatifs (en italien et en anglais - une initiative qui ne pourra qu'être appréciée à sa juste valeur par les non-italophones), signés de la plume d'Emmanuele Vietina (le créateur du Lucca Comics & Games), Fabio Viola (curateur de l'exposition), Damiano Bordoni (historien du jeu vidéo) et Anna Barbara (responsable de la scénographie de l’événement), tantôt narrant avec passion la genèse du projet, étape par étape, tantôt analysant méticuleusement le travail du peintre, ses thématiques de prédilection, les particularités de son travail, jalonnant l'exposé de solides données biographiques (à titre personnel, il y avait bien longtemps qu'un livre sur l'artiste ne nous avait pas appris quelque chose à son propos...), illustrées de quelques photos d'archives inédites.
Avec, cerise sur le gâteau, une préface de Michael Moorcock, auteur de fantasy émérite à qui l'on doit les légendes romanesques que sont Elric, Corum et Hawkmoon (auxquelles le Peintre a prêté son pinceau quelques décennies en amont).
Se calquant sur la disposition de l'exposition, à l'instar du site qui lui est consacré, le catalogue est divisé en cinq parties, lesquelles se veulent le reflet fidèle des différentes salles que le visiteur est appelé à traverser :
- "The Boy from Shizuoka", consacrée à ses premières œuvres au sein de la Tatsunoko (Time Bokan, Gatchaman, Pinocchio, ...)
- "The Origins of the Myth", compilant ses oeuvres "historiques" les plus emblématiques (Tenshi no Tamago, Vampire Hunter D)
- "Icons", consacrée à ses contributions au pop-art et ses réinventions d’icônes occidentales (Marvel & DC Comics, Candy Girl, Vogue, ...)
- "Game Master", centrée sur les jeux vidéo (du Final Fantasy, essentiellement, mais on sera ravis de retrouver Front Mission au programme, ainsi que Child of Light)
- "Free Spirit", explorant des facettes moins célèbres de ses premières années en qualité d'illustrateur freelance (Guin Saga, Arslan Senki, ...) - section la moins fournie, mais pas la moins époustouflante puisqu'elle propose (entre autres) deux toiles de sept mètres sur quatre.
Avec, en conclusion : une description détaillée de l'espace d'exposition, afin que tout un chacun puisse s'y projeter par la pensée ou raviver plus tard ses futurs souvenirs. De sorte qu'au terme de la lecture, on a presque l'impression d'avoir fait le déplacement par la pensée, l'ouvrage se visitant plus qu'il ne se parcourt.
Incontournable, on vous dit.
La perfection n'étant pas de ce monde, on pourra déplorer du bout de lèvres que Final Fantasy soit proportionnellement si présent, au détriment d'autres licences (ne serait-ce que dans le registre des jeux vidéo, Rebus et Eldorado Gate manquant à l'appel, entre autres plus confidentiels), mais si l'impression de "trop" est frôlée de peu, l'ensemble ne franchit jamais cette ligne rouge. Sans compter que les choix opérés (audacieux, parfois) sont représentatifs de l'histoire tant de la saga que de son évolution.
On relèvera également quelques coquilles discrètes sur la toute fin, dans la version anglaise, ainsi qu'une unique erreur de légende vite oubliée. Rien de tragique en soi, ni qui vienne nuancer l'émerveillement ou entacher l'excellence du travail fourni.
On vous le répète : quelle que soit la version, l'ouvrage est un must have, dont vous pourrez acquérir à Milan les versions softcover et hardcover (entre autres produits du pop up store du Lucca Comics & Games, disponibles également au terme de la visite).
Sera-t-il possible de commander par correspondance ?
Bien que cela paraisse peu probable, à ce jour, nous n'en savons rien encore. Cependant une chose est certaine : ceux qui feront le déplacement en auront pour leur argent.
Avec les intérêts.
Détails techniques :
Version bilingue anglais-italien
202 pages
Format : 30 x 23 cm
Editions Lucca Comics & Games
Sortie : 30/10/2024
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