Arslan (animé)




Impossible d'évoquer le Arslan d'Amano sans toucher deux mots de l'adaptation animée qui, bien avant celle que nous connaissons tous, avait donné du mouvement au jeune prince de Parse. Et avec quel talent !

Loin du simple produit de divertissement ou de la fable guerrière, cette série de 6 OAVs entamée en 1991 s'attache à retranscrire l'ambiance atemporelle de ce récit, davantage occupée à en sublimer le lyrisme qu'à en peindre les champs de bataille.

Entre la réalisation expérimentale de Mamoru Hamatsu (épisodes 1, 2, 5 et 6 - les 3 et 4 étant très conventionnels), l'animation exceptionnelle (c'est peu de le dire) du studio Kadokawa (le géant de l'époque, qui éblouissait pareillement avec The Five Star Stories, The Weathering Continent ou les films de Silent Möbius - tous chaudement recommandés aux amateurs de belles choses, et tous sortis chez nous - , avant d'être accusé de blanchir de l'argent sale), les musiques touchées par la grâce de Norihiro Tsuru et le design de Sachiko Kamimura (City Hunter), tout concourt à y installer une atmosphère à part, magique, feutrée, et à donner naissance à une œuvre majeure (bien que méconnue) de l'animation japonaise.



On regrettera juste que Yoshitaka Amano n'ait pas été directement associé à ce projet, mais qu'importe, au fond, puisque l'animé porte son empreinte à chaque plan, chaque minute, que ce soit au niveau des drapés, des armures, des détails ou tout simplement des visages, qui évoquent son style tout en restant personnels (Kamimura s'appliquant à rendre justice au travail du peintre sans pour autant renoncer à son propre trait).



Si le chara-design évolue énormément d'un épisode à l'autre (et cela fait partie intégrante du charme de la série), on retrouve toujours le pinceau d'Amano entre les lignes, dans les yeux en amande, dans les silhouettes androgynes, dans les cheveux au vent, parfois énormément (épisode 1) et parfois beaucoup moins (épisode 3 et 4), mais toujours avec grâce.



Si réussie que soit la version moderne (car elle l'est), elle fait pâle figure en comparaison ; et si l'on n'est pas allergique aux titres qui prennent leur temps et qui préfèrent l'humain à la péripétie, on se doit absolument de voir cette intégrale (d'autant qu'elle est disponible en France pour une poignée d'euros). Une précision toutefois : les deux premiers épisodes de 60 minutes sont des films cinéma, ayant bénéficié de budgets conséquents, là où les épisodes suivants sont des direct to vidéo beaucoup moins ambitieux du point de vue technique (encore que les épisodes 5 et 6, sortis plus tardivement, ont su admirablement relever le niveau).


Un vrai régal.


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