Ayakashi





Ayakashi : Japanese Horror Story est une série d'animation en 11 épisodes diffusée au japon en 2006 dans la case NOITAMINA, l'équivalent télévisuel du seinen, réputée pour ses titres hors-normes et plus difficiles d'accès - et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Ayakashi ne fait pas exception.



Sur le fond, d'abord, en remettant au goût du jour trois récits horrifiques imprégnés de folklore, dont deux sont directement issus du patrimoine culturel nippon :


- Yotsuya Kaidan (3 épisodes)




- Tenshu Monogatari (4 épisodes)




- Bake-Neko (4 épisodes)



Sur la forme, ensuite, dès l'anachronique opening version rap, qui ne manquera pas de faire grincer quelques dents mais donne le ton de l'entreprise.

L'aspect visuel n'est d'ailleurs pas en reste: en effet, chaque histoire est confiée à une équipe créative différente, qui a toute latitude pour la traiter comme elle le souhaite, si bien que la direction artistique varie entre le très conventionnel (Tenshu Monogatari) et l'expérimental pur (Bake-Neko).
Entre ces deux extrêmes, mais en tête de série, on trouve Yotsuya Kaidan, le segment designé par Yoshitaka Amano, histoire cruelle, violente d'adultère et de vengeance d'outre-tombe, adaptée d'une pièce de théâtre kabuki écrite en 1825.



Une oeuvre sombre, tragique, désespérée, où les hommes et les femmes ne sont que bassesses, mesquineries, immoralité, et où l'on parle davantage avec son sabre qu'avec sa bouche. Histoire d'horreur classique par excellence, elle reprend de manière fidèle la trame originelle pour livrer un récit glauque, poisseux, mais lent et sans surprise (si ce n'est son introduction et sa conclusion), jouant la carte du respect culturel plutôt que de la réinterprétation. Bien qu'honnête, le résultat peine à convaincre tant on aurait aimé plus de folie d'une oeuvre comptant le peintre au générique, et les animateurs bataillent pour reproduire ses personnages de manière convenable.




La valeur historique du récit reste cependant remarquable, et le trait d'Amano se fait si rare dans le domaine de l'animation qu'il serait dommage de bouder son plaisir (à moins d'être allergique au sang et aux fantômes aux cheveux sales), d'autant que la série a bénéficié d'une sortie française.



Le deuxième segment, adapté d'une oeuvre plus récente, reste le plus classique des trois sur le fond comme la forme. S'il n'a rien d'exceptionnel (sorte de Roméo et Juliette horrifique), il s'avère plus divertissant, moins sombre et développe davantage ses personnages.



Quant au troisième segment, il n'y a pas de mots pour décrire combien il est brillant. Développant une intrigue écrite pour l'occasion, il sidère par sa mise en scène, ses graphismes, sa bande-son et son personnage principal, un bien mystérieux apothicaire lancé sur les traces d'un démon-chat mangeur d'hommes. Le résultat en impose à tel point que ce one-shot donnera naissance à sa propre série dérivée, Mononoke (que je classe pour ma part n°1-de-tous-les-temps ex-aequo avec Evangelion et Noein, ce qui n'est pas rien). Bien qu'Amano ne soit pas de la partie, on jurerait le contraire tant l'apothicaire semble sorti d'un de ses artbooks, et chaque plan échappé d'une de ses peintures. L'ensemble garde toutefois sa propre patte, son propre génie, sa propre identité, et celle-ci rivalise sans peine avec l'univers graphique du Maître, ce qui en dit long sur ce tour de force.



Hélas, cela n'en rend le classicisme de Yotsuya Kaidan que plus frustrant, et éclipse presque complètement la participation de notre peintre préféré... mais donne une raison supplémentaire de découvrir cette série confidentielle.





Bonus 1 : 



Opening (version Yotsuya Kaidan)


Bonus 2 :

Settings, layouts et dougas.









  















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