Il fallait bien qu'à l'Encre et les Toiles, on finisse par sauter dans l'avion, direction l'Italie, pour aller voir de nos yeux voir l'exposition Amano Corpus Animae, dont nous avons abondamment traité par le passé mais dont nous n'avions pas eu l'opportunité de visiter l'équivalent milanais.
Car on ne le répétera jamais assez : cette première exposition européenne d'envergure représente une occasion unique au monde de découvrir plus d'une centaine de travaux du Maître (certains parmi les plus connus et les plus appréciés, d'autres plus confidentiels, mais tout aussi époustouflants), dans leur format original, avec tout ce que cela implique de matérialité (de vie, pour ainsi dire) - ce que les reproductions ont tendance à gommer (comme nous avions déjà pu le constater à Lucca lors de l'exhibition preview) : textures, coulures, taches, traces, imperfections, qui sont autant de preuves d'un art réel, entier, avec ses aléas, ses tâtonnements, ses petites astuces pour camoufler, ses reliefs et aspérités qui rendent l'ensemble moins idéel et en même temps, plus tangible, plus touchant, plus humain, plus vrai.
Des émotions qu'aucun artbook ne saurait fidèlement transcrire, hélas (quand bien même le catalogue d'exposition est-il un modèle du genre, dont nous recommandons chaudement l'acquisition).
Des émotions dont il faut absolument faire l'expérience sur place, dès lors, en personne, sans tamis, afin de pouvoir apprécier jusqu'aux plus infimes sinuosités du pinceau ou aux plus légères courbures de papier.
Des émotions, enfin, dont nous avons cherché à donner un aperçu par clichés interposés, en nous focalisant sur ces fameuses textures et procédant à des recadrages susceptibles de montrer comment le regard peut s'approprier ces toiles et les redécouvrir comme au tout premier jour, d'un simple changement de perspective.
Ici, on s'étonne de la taille réduite d'un artwork qu'on s'imaginait plus grand.
Là, c'est tout le contraire : on est soufflé par sa taille démesurée.
On prend une minute pour revisionner le trailer de l'Oeuf de l'Ange en version originale sous-titrée anglais, en attendant sa sortie cinéma.
On sourit d'un inédit déroutant, hommage ironique à un tableau de maître dont nous ne dirons rien pour ne pas gâcher la surprise.
On prend quelques minutes pour écouter chanter the Thin White Duke (alias David Bowie) dans une cabine spécialement adaptée.
On s'enthousiasme de reconnaître tel tableau, tel décor, tel personnage, qu'on détaille plusieurs minutes durant jusqu'à ce que lassitude ou fatigue oculaire s'ensuive.
On note au passage quelques révélations inattendues : le fait que le logo de Final Fantasy XII soit en réalité un collage de deux versions différentes (la moitié haute de l'une, la moitié basse de l'autre), le fait que le logo du XI se soit finalement avéré trop grand pour le support choisi par l'artiste, ce qui l'a obligé à terminer de dessiner sur une autre feuille...
Autant d'ébahissements et de petits secrets d’alcôve qui ne se livreront qu'à l'observateur attentif, au long des cinq étapes jalonnant cette visite d'une heure environ, pour qui prendra le temps de lire les panneaux explicatifs (en anglais et en italien) et de détailler chaque toile présentée comme il se doit.
Et pour rendre l'expérience encore plus mémorable, on conseillera d'arriver pour l'ouverture du musée à 9h : ainsi avons-nous pu nous partager l'espace à trois, dans un silence religieux, propice à la contemplation et aux photos-souvenirs, sans éclats de voix ni bousculades, renforçant d'autant l'impression de vivre un rêve éveillé.
Si l'on sera nécessairement un peu déçu de constater qu'une dizaine d’œuvres présentées à Milan manquent à l'appel (notamment les artworks dédiés à Front Mission et Child of Light), on se consolera en découvrant quelques pièces contextuelles issues de collections privées (romans, magazines, comics, jouets, celluloïds, boitiers de jeu, ...), ainsi que les esquisses préparatoires ayant présidé à l'élaboration du triptyque dédié à la session 2024 du Lucca Comics and Games.
Cinq œuvres triées sur le volet ont également été transcrites de façon tridimensionnelles afin de les rendre accessibles aux mal et non-voyants, ainsi qu'aux visiteurs curieux de les redécouvrir par l'intermédiaire du toucher plutôt que du regard.
Une initiative aussi originale que louable, et qui ajoute une dimension sensorielle inédite à la balade, dont on ressort comme on s'extirperait d'un songe intemporel, un peu hagard, sans vraiment parvenir à réaliser ce qu'on vient de vivre, dans sa portée comme dans son caractère précieux autant qu'éphémère.
Reste à tromper le blues de fin de visite en passant par la boutique du musée (accessible même si vous n'avez pas assisté à l'exposition), où il est possible d'acquérir le catalogue d'exposition en version soft et hardcover, le tee-shirt Butterfly Effect du Lucca Comics and Games, un Sweat shirt Candy Girls, un nécessaire à peinture, quelques artworks hommage tirés du port folio Anima Visio, une reproduction d'un artwork de Final Fantasy I ainsi que les affiches du Lucca Comics and Games, version luxe à 45 euros pièce ou version poster à 8 euros pièce.
On aurait, bien sûr, aimé davantage de choix, mais on a tellement d'étoiles dans les yeux qu'on ne songerait pas à s'en plaindre.
Avis aux globe trotters, donc. Vous avez encore jusqu'au 12 octobre 2025 pour franchir le pas à votre tour et découvrir tout ça en vrai. On ne saurait trop vous y encourager.
Hé, quoi !
Ce n'est pas si loin, l'Italie.
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Galerie bonus, pour achever de vous convaincre (car ce n'est jamais qu'un vague aperçu des mille et unes merveilles à découvrir sur place) :
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