Vogue Italia - janvier 2020

Le mensuel de mode Vogue Italia s'apprête à frapper un grand coup en publiant ce mardi 7 janvier un numéro spécial « No Photoshoot », où les habituels clichés de mannequins haute couture seront remplacés par des illustrations réalisées à la main.

Une façon raffinée d'inviter à repenser certaines pratiques coûteuses (tant sur le plan financier qu'écologique) à l'aune des problématiques de notre temps : pour cette raison, les œuvres qui émailleront le magazine seront produites par des grands noms de la peinture ou de la BD, connus pour leur talent et leur attitude éco-responsable, dans le but de prouver qu'il est possible de mettre en valeur le travail des designers sans passer par la case shooting (avec toutes les dépenses et excès qui vont de paire).

Des économies substantielles en vue pour le magazine : pas de photographes ni de modèles à rémunérer, pas de déplacements en avion à l'autre bout du monde, pas d’hôtels de luxe à réserver... un coup médiatique qui aurait pu rapporter gros, si l'intégralité des économies réalisées n'était pas destinée à l'association chargée de restaurer la Fondazione Querini Stampalia, haut lieu de la culture vénitienne que les récentes inondations avaient lourdement endommagées.

Ainsi est-ce à Yoshitaka Amano, dont on connaît les liens étroits avec le domaine de la mode, qu'a été confié la lourde tâche d'ouvrir le bal en réalisant l'une des sept couvertures alternatives proposées à cette occasion (aux côtés de David Salle, Vanessa Beecroft, Cassi Namoda, Milo Manara, Delphine Desane et Paolo Ventura).

Aérienne et rêveuse en robe Gucci, avec une pointe de rose vénéneux pour souligner l'insolence de son regard, c'est le mannequin américain Lindsey Wixson qu'il aura choisi de représenter ; et sans doute n'est-ce pas un hasard si la demoiselle est connue pour ses moues atypiques, comme pour pratiquer l'écriture et la peinture à ses rares heures perdues.

Partant de là, le choix s'imposait comme une évidence.

Le magazine, lui, n'a pas encore atteint les kiosques qu'il paraît déjà appelé à devenir “culte”.