Un cours de dessin dispensé par le maître en personne ? Le rêve de nombre d'entre nous, sans doute. Eh bien ne rêvons pas, ou plus, car c'est ce que propose ce volumineux album pour enfants (144 pages, quand même), format A5, paru en 1984, dans lequel une dizaine de professionnels (dont les mangaka Kenji Morita, Yutaka Ohtake, Hiromi Sakurai ou encore la designeuse Suzuka Yoshida) dispensent leurs conseils aux mangakas en culottes courtes par l'intermédiaire de petites BD humoristiques, de cours magistraux et d'exercices ludiques. Avec, en cœur de liste, évidemment : Yoshitaka Amano.
Mais dans quelle
proportions ?
Dans la mesure où les auteurs sont crédités de
façon générale, sans plus de précisions quant à "qui a fait
quoi" dans les pages intérieures, la question reste entière -
et elle le restera aussi longtemps que le peintre n'aura pas pu
clarifier les choses à ce sujet (autant dire que les chances sont
plus que minces).
Si l'on peut sans crainte d'erreur lui
attribuer la double page sur les quatre saisons (la technique de
peinture utilisée ne trompe pas, non plus que la signature), on sera
plus réservé sur d'autres travaux qui
pourraient-ou-pourraient-ne-pas être de son fait dans les pages
réalisées collectivement : telle façon d'encrer, telle mise en
couleur, tel design exubérant entretiendront le doute, de même que
l'aspect très "Tatsunoko" de certaines
planches...
Exemple : la colorisation du robot gris mixant le Zaku de Gundam et le Led Mirage de Five Star Stories.
Ou encore le deuxième sanglier en partant de la gauche ?
Et pour autant, le style étant à la mode à
l'époque, rien ne prouve qu'hors des deux pages sus-citées, le
peintre ait participé plus avant à ce projet collégial. Quiconque
voudrait des certitudes se condamnerait à des tergiversations sans
fin. Passionnantes, certes, mais frustrantes en proportion.
Reste
une nouvelle curiosité confidentielle pour attester des tours et des
détours de sa carrière à ses débuts, et un bel aperçu de
l'atmosphère décomplexée, un rien foutraque, qui prédominait
créativement dans les années 80.
Un âge d'or naïf, certes, mais sans calcul, riche de mille et unes potentialités que l'artiste semble avoir voulu explorer chacune à son tour... et qu'il explore encore aujourd'hui, à quarante années d'intervalle, dans un cadre plus guindé, mais avec toujours le même appétit de nouveauté.
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