In the Aftermath (1988)




Impossible d'évoquer le travail d'Amano sans mentionner ce chef d'oeuvre absolu de l'animation japonaise qu'est Tenshi no Tamago/L'Oeuf de l'Ange, peut-être bien le tout meilleur film d'animation au monde.

Réalisé en 1995, cet OAV surréaliste de 71 minutes reste un must-see pour tous les fans de Yoshitaka Amano et/ou de Mamoru Oshii (Ghost in the Shell). Quasi-muet, il conte la rencontre entre un soldat et une fillette protégeant un oeuf mystérieux, dans un univers onirique flirtant avec la parabole biblique.


Boudée au Japon du fait de son hermétisme, c'est à l'internationale que l'oeuvre a gagné une certaine notoriété critique, fascinant le public occidental tant par ses sous-entendus mystiques que par son atmosphère déconcertante.

Sans doute est-ce ce qui a poussé le réalisateur australien Cal Colpaert a mettre en chantier In the Aftermath (Angels never sleeps), film de science-fiction petit budget qui sort directement en vidéo 3 ans plus tard, pour le meilleur (un peu) et pour le pire (surtout).

Mêlant une demi-heure d'extraits de Tenshi no Tamago à des séquences en prises de vue réelles (quand il ne mélange pas purement et simplement les deux), cet exercice de style d'une heure dix reprend le propos du film d'origine, tout en le développant de manière à le rendre plus compréhensible, le réécrivant entièrement pour l'occasion.

Le pitch ? Dans un pays ravagé par une guerre totale, un Ange confie à sa jeune soeur la tâche de trouver un humain digne de garder l'oeuf magique qui permettra à la terre de renaître.


Toute iconoclaste qu'elle soit, cette idée de départ atypique n'aurait déplu ni à Amano, ni à Oshii, mais Colpaert n'a ni l'étoffe, ni les moyens pour la mener convenablement à bien. La beauté des séquences animées tranche trop avec les scènes "live" bon marché, la mise en scène est plate, sans génie, et le nouveau scénario reste très (trop) amateur.

Mené par un artiste de la trempe des deux auteurs d'origine, ce re-telling aurait pu donner vie à une oeuvre multiple et fascinante. En l'état, le résultat final tient davantage de la trahison ou du blasphème, malgré quelques efforts tâtonnants en bout de course. Dommage.

 Une curiosité néanmoins, que l'on peut redécouvrir depuis peu dans une réédition format bluray.

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