In The Aftermath - Bluray





Choix éditorial étonnant pour l'éditeur Arrow Video que de ressortir In The Aftermath de la naphtaline pour en proposer une version DVD-Bluray entièrement remasterisée en 4K.

On aurait pu croire que le destin de ce film de seconde zone était de sombrer dans l'oubli, avec les quelques VHS encore en circulation, mais c'était sans compter le souvenir impérissable qu'il a laissé aux quelques spectateurs l'ayant visionné dans leur prime jeunesse. Il faut dire que le mélange entre les séquences live petit budget, poisseuses et poussiéreuses à souhait, les séquences animées surréalistes de Mamoru Oshii et l'univers graphique de Yoshitaka Amano avait de quoi désarçonner et marquer les esprits les plus impressionnables.



Aussi cette nouvelle édition est-elle l'occasion pour le grand public de découvrir ou de redécouvrir cette production hybride, mais également de comprendre un peu mieux le contexte de sa création.

Car on n'en finit pas de se le demander : qu'est-ce qui a bien pu pousser le réalisateur belge Carl Colpaert à charcuter ainsi Tenshi no Tamago pour en faire une oeuvre post-apocalyptique petit budget tout juste bonne pour le marché des vidéoclubs de quinzième zone ?


Grâce aux interviews bonus de Tom Dugan (producteur), de Tony Markes (acteur principal) et d'Andrew Osmond (spécialiste de l'animation japonaise), mais également à l'analyse très fine du critique cinéma  Jon Towlson dans le livret, le voile peut enfin se lever sur ce mystère vieux de trente ans.


On y apprend notamment, en anglais non sous-titré dans le texte, que le film de Oshii faisait partie d'un lot acheté à peu de frais par l'éditeur de l'époque, spécialisé dans l'occidentalisation d’œuvres russes ou japonaises telles que certains Godzilla (dont seules les séquences de monstres étaient conservées, les séquences dialoguées étant intégralement rejouées : minimum d'investissement, maximum de bénéfices, on connaît la chanson)...

Jugeant ce film d'animation invendable en l'état (trop court, trop abscons - nous parlons ici du même éditeur qui à coupé une demi-heure au Nausicaa de Miyazaki pour le retitrer Warriors of the Wind), on missionne donc Colpaert pour lui donner du sens et un peu de matière supplémentaire, histoire de rentabiliser au minimum cet achat embarrassant.

Avec un budget dérisoire (cinq acteurs maximum, un seul lieu de tournage - une usine de produits chimiques désaffectée d'une dangerosité inattendue. Moi, quand j'entends un acteur dire que les semelles de ses chaussures avaient tendance à fondre ici et là, je ne sais pas pourquoi, ça me colle des frissons), le jeune réalisateur fait de son mieux, proposant un remontage iconoclaste, agaçant (pour le puriste) mais habile (à quelques faux raccords près, inévitables), sans toutefois parvenir à proposer une trame digne de ce nom.
 
Car qu'on ne s'y trompe pas : In the Aftermath n'est pas un bon film. C'est une fable de SF classique, poussive, naïve, dénuée d'enjeux, qui subit péniblement sa nature hybride, portée par des acteurs qui ne savent pas vraiment ce qu'ils font là, à des lieues du chef d’œuvre que fut (et reste) Tenshi no Tamago. Mais c'est également une curiosité qui vaut en tant que telle. Avec de l'indulgence, on louera même les efforts de Colpaert, tout en système D, un bout de texte presque réussi, une séquence hors du temps très imparfaite, mais qui a le mérite d'exister dans ce produit de grande distribution. Rien n'est bon, mais tout n'est pas à jeter pour autant.


Cerise sur le gâteau : une nouvelle jaquette (réversible) vient orner le boitier d'un artwork ma foi plutôt joli...


Sera-ce assez pour vous pousser à investir ? Rien n'est moins sûr, d'autant qu'en dépit de sa remasterisation, l'image conserve un grain marqué, particulièrement douloureux lors des séquences animées.

Mais si vous aimez les curiosités, les bidouillages, les années 80 et si vous êtes bilingues (les sous-titrages anglais, sur le film uniquement, pourront aider un peu), l'ensemble ne manque pas de valeur culturelle. Au degré qu'il vous plaira.


Pour preuve, le pitch : dans un mystérieux monde gris qu'il aurait  lui-même créé, l'ange Jonathan met sa petite soeur Angel au défi. Pour mériter son statut angélique et échapper à cette prison, elle va devoir sauver une espèce de l'anéantissement. Ce qui implique : trouver au sein de cette espèce celui qui sera digne de sa bénédiction. Pendant ce temps, sur une terre dévastée où l'oxygène est devenu une denrée rare, deux survivants essaient de subsister au jour le jour... leurs pas vont les conduire à croiser le chemin d'une étrange fillette, transportant un oeuf de grande taille...


 

Commentaires