Jaker


 

Jaker, c'est LE grand projet d'animé qu'Amano nourrit en 1985, dont il dévoile les grandes lignes dans le premier numéro du doujin Tenchan Sawagi et qu'il présente comme « un drame d'aventure divertissant » incluant de l'humour et une touche de romance, avec pour ambition d'exploiter toutes les possibilités et les libertés offertes par le média pour produire le spectacle le plus impressionnant possible, en s'inspirant également des progrès accompli dans le domaine des jeux vidéo. 

 

 

 

Agrémentées de quelques croquis maison, ces trois petites pages (seulement !) annoncent les aventures futuristes à l'occidentale (façon Jack Vance, dira-t-on) d'un trio d'aventuriers de l'espace aux profils éclectiques, mais unis par une cause commune : une folle course poursuite intersidérale pour échapper aux pirates et aux groupuscules occultes qui veulent s'emparer de Yuza, un extraterrestre androgyne asexué d'apparence humanoïde, dont Lirom Cape, alias Lii, notre jeune héros de 18 ans (doté de pouvoirs mystérieux qu'il ne contrôle pas, forcément), va peu à peu tomber amoureux, sans savoir qu'elle a elle-même la capacité de guérir ce qui est blessé, réparer ce qui est brisé, et au-delà : rebooter la réalité toute entière. A leur côtés : Ten, un autre extraterrestre volant d'apparence reptilienne pour équilibrer la dynamique de l'équipe, lui permettre de gagner en maturité et mener leur vaisseau à bon port. 

 

 

 

 

 

 

Un récit enjoué, à l'image de son protagoniste, mais qui aurait également traité de thématiques plus lourdes, comme la mort et la réincarnation. 

Et s'il n'aura jamais vu le jour en l'état, Ten et Lii auront eu droit à leur heure de gloire dans Nomu, un bref prequel (méta-humoristique) de 20 pages prépublié dans le magazine The Motion Comics, ; preuve que l'artiste tenait suffisamment à l'idée de départ pour lui donner une seconde chance au format papier.

Car bien que Jaker n'ait finalement jamais quitté ses cartons (à son initiative ou celle des diffuseurs, nous ne le saurons jamais), il aura servi de brouillon à l'oeuvre sus-mentionnée, que ce soit au niveau de l'approche graphique, de l'esprit ou de la dynamique scénaristique, ce qui n'en rend ce document d'archive que plus précieux et sa lecture, plus éclairante quant aux tâtonnements du peintre à ses débuts.

On l'aura compris : trois pages qui, à elles seules, justifient l'achat du premier Tenchan Sawagi.


 

 Quant à Nomu, il a fait ce mois-ci l'objet d'une publication en français chez l'éditeur Black Box en complément de son "Yoshitaka Amano Artbook" (septembre 2023).

 

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