On le sait, Amano a un temps envisagé, très brièvement, peut-être, de faire carrière dans le manga, comme la plupart des petits japonais doués pour le dessin. Ayant intégré le milieu professionnel très tôt, avant même sa majorité, en tant qu'animateur et character-designer (cf. l'excellente biographie de Florent Gorges), il tâtonne quelques années à la recherche d'une voie à lui et il expérimente en proportion.
De cette démarche naissent de rares et courts mangas : Amon Saga, le seul à avoir fait l'objet d'une publication en volume relié (traduit en français chez Black Box), et Nomu, dont l'intégralité a été reproduite au format A5 à la fin du artbook Imagine, tous deux prépubliés dans le mensuel TheMotion Comic de l'éditeur Tokuma Shoten. Des tentatives qui tournent rapidement court, l'intéressé se faisant tout naturellement sa place dans le domaine de l'illustration.
Il n'empêche que le collectionneur passionné
pourra dénicher, avec beaucoup de chance et de persévérance,
quelques exceptions confidentielles à la règle, comme ces deux
planches de Time Bokan - Ippatsuman réalisées par l'artiste en personne
(également à l'origine de l'identité graphique de la série) pour
le numéro de juillet 1982 du magazine jeunesse Yoiko (よいこ),
connu pour proposer de courts mangas mettant en scène les
personnages les plus emblématiques de la Tatsunoko, entre
deux pages de jeux, articles de société (très) jeune public et
présentation d'animés ou séries de sentai.
Un numéro particulièrement recherché, car s'y trouve également prépublié le premier épisode du Maho Ningyo Pendora de Go Nagai (Mazinger, Grendizer, Cutie Honey, ...), ce qui le rend d'autant plus difficile à obtenir, les deux fandoms se livrant ici une sévère concurrence.
Car si les planches en question (reproduites en tête d'article) sont très loin des canons stylistiques qu'on a coutume d'associer à l'artiste, on y retrouve un beau sens du dynamisme, doublée d'une folie douce caractéristique de la licence, en vibrant témoignage de ses débuts dans la profession.
Une pièce de collection qui
n'émouvra que les fans de la première heure, sans doute, mais qui
vaut avant tout en tant que document d'archive.
Un morceau
d'histoire, comme on dit.
Et des morceaux d'histoire de ce genre, il en existe vraisemblablement d'autres dispersés dans les pages des Yoiko de 1982, hélas devenu trop rares aujourd'hui et particulièrement recherchés par les japonais nostalgiques (on ne saurait les en blâmer), ce qui rend les recherches du collectionneur-archiviste aussi hasardeuses qu'onéreuses.
Combien de ces planches Amano a-t-il réalisées en tout ?
Comment préserver celles-ci de l'oubli et les réunir en totalité ?
Mission impossible, semble-t-il, ou quasi, quand les rares exemplaires sur le marché se vendent dans les 40 euros pièce hors frais de port.
Dans les pages de ce même magazine, l'artiste a également illustré le fameux récit Hashire Melos, célèbre roman japonais d'Osamu Dazai, décliné en film d'animation (superbe) en 1992 et en série d'OAV en 2009.
S'agit-il sous sa plume d'un autre manga ? D'artworks isolés ?
Là encore, impossible de le dire sans mettre au préalablement la main sur un de ces précieux numéros, hélas...
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